World Electronics Forum
En clôture du World Electronics Forum, à Angers, «Libération» proposait samedi quatre débats portant sur le monde à venir, des voitures sans conducteur aux algorithmes omniprésents.
Après Las Vegas, Taïwan ou Singapour, le World Electronics Forum (WEF) a posé cette année ses valises pleines d’algorithmes et d’innovations à Angers, cité au bord de la Maine. Libération a voulu prolonger l’événement en l’ouvrant au public, venu en nombre pour assister à une journée de débats autour de la révolution numérique qui, si elle transforme nos vies, ne peut se passer d’une réflexion sur «les menaces et questions de société qu’elle soulève, notamment en termes d’éthique», explique Christophe Béchu, maire d’Angers.
Société numérique
«La révolution numérique peut être la meilleure comme la pire des choses», confirme l’économiste Philippe Aghion, qui participait à la première table ronde et dont les travaux sur la croissance ont largement inspiré le président de la République, Emmanuel Macron. A ses côtés, Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique sous François Hollande, aborde la technologie sous l’angle de la gouvernance. «Les civic tech [technologies civiques, ndlr] permettent de co-construire les lois, développe-t-elle. Elles ont vocation à se substituer à nos anciens modèles où une technocratie éclairée décidait seule.» A l’automne 2015, son projet de loi pour une République numérique avait mobilisé quelque 21 000 participants en ligne. «Sur 66 millions de Français, cela reste de l’ordre du prototype», tempère Mounir Mahjoubi, son successeur. «La moitié des décrets restent à mettre en application»,précise un spectateur. «On doit aller plus loin», concède alors le secrétaire d’Etat, qui souhaite résorber la fracture numérique d’ici 2020 et «introduire plus de régulation», notamment sur les données personnelles aujourd’hui captées par les Gafa (les géants Google, Apple, Facebook et Amazon).
Face à ces considérations très européennes, Gary Shapiro, le patron du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas, smartphone à la main et décontraction à l’américaine, vante sans nuances les mérites de la société numérique. Et s’oppose à toute idée de régulation : «Ce n’est pas une bonne approche, il faut laisser les entreprises se développer. Si elles franchissent la ligne jaune, les consommateurs les rejetteront immédiatement.» Et le climat, dans tout cela ? Bien qu’en apparence virtuel, «le numérique a un impact réel sur l’environnement», avance Fabrice Boissier, directeur général délégué de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Ainsi, les data centers produisent plus de gaz à effet de serre que l’ensemble du transport aérien. Mais la technologie peut s’allier à l’environnement, notamment par le biais de l’intelligence artificielle (IA).
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