BigPharma : comprendre les conflits d’intérêt
Qui paye, commande ? Avec l’épisode Covid 19, nous avons pu voir que les établissements qui ont le droit de parrainer des programmes de recherche clinique et de les soumettre aux autorités sanitaires ont reçu un financement considérable de l’industrie, qui sert à payer à la fois les frais de recherche de l’hôpital et le salaire du chef de projet, Statisticien, rédacteur médical, etc. Sans parler des fonds publics. Comprenne qui pourra.
La vérité sur les conflits d'intérêt
On sait de longue date que les laboratoires pharmaceutiques pèsent énormément sur les décisions gouvernementales mais avec cette pandémie, c’est encore plus visible…
Découvrez, ci-dessous, la conférence du Pr. Éric Chabrière à l’IHU Méditerranée Infection. Professeur des universités chez faculté de medecine, Aix-Marseille Université. Ce dernier nous parle des conflits d’intérêts qui peuvent être défini comme une situation où une ou plusieurs personnes, une agence ou plusieurs agences (BigPharma en l’occurence) qui sont au centre du processus de décision, auquel cas leur objectivité et leur neutralité peuvent être remises en question.
Big Pharma, labos tout-puissants
Plus riches et plus puissantes que jamais, les firmes pharmaceutiques orientent la recherche et le remboursement des soins. Enquête sur une industrie hors de contrôle, dont les intérêts ne coïncident pas toujours avec les impératifs de santé publique. On les surnomme les “Big Pharma” : à eux seuls, les suisses Novartis et Roche, les américains Pfizer et Johnson & Johnson, et le français Sanofi contrôlent la majeure partie de la fabrication de médicaments. Pour conserver leur monopole, ces grands laboratoires minimiseraient, voire occulteraient, certains effets indésirables causés par leurs produits.
En Europe, la Dépakine, un antiépileptique responsable de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux chez des enfants exposés in utero, est au cœur d’un retentissant scandale. Soupçonné d’avoir tardé à alerter les autorités sanitaires et les consommateurs sur ces risques pourtant connus, Sanofi a été mis en examen pour “tromperie aggravée”, “blessures involontaires” et “homicides involontaires”. Aux États-Unis, où la crise des opioïdes fait des ravages (plus de cent morts par jour), les multinationales pharmaceutiques sont accusées d’avoir encouragé la prescription massive de ces antidouleurs en dissimulant leur caractère hautement addictif. En 2019, Johnson & Johnson a ainsi été condamné à payer 572 millions de dollars à l’État d’Oklahoma pour avoir mis en danger la vie de ses citoyens.
Alors que l’industrie pharmaceutique bénéficie largement des innovations de la recherche publique, les prix des médicaments atteignent des sommets : facturé 84 000 dollars aux États-Unis, où la tarification n’est pas encadrée, le traitement contre l’hépatite C coûte 24 000 euros en France, quand la nouvelle thérapie génique contre la leucémie commercialisée par Novartis avoisine les 300 000 euros.
Entre intense lobbying et ententes illicites, les laboratoires déploient d’efficaces stratégies pour préserver leurs exclusivités, à l’instar du même Novartis, qui est parvenu à imposer sur le marché un médicament contre la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) quarante fois plus coûteux que son concurrent. Le 9 septembre 2020, Novartis, Roche et Genentech ont ainsi été condamnés par l’Autorité française de la concurrence à payer 445 millions d’euros pour pratiques abusives dans le traitement de la DMLA.